loader image
2025

Quelles sont les grandes tendances du 5e rapport Noir, Jaune, Blues ?

Voici les grandes idées qui ressortent de la cinquième vague du rapport de la Fondation « Ceci n’est pas une crise » :

1. Une société fragmentée dominée par l’aspiration à la retribalisation

  • L’aspiration à la retribalisation reste dominante : 56,6% des Belges adhèrent à cette tendance, marquée par un désir d’ordre, d’un dirigeant fort, de frontières plus strictes et d’une rhétorique du ressentiment.
  • Un renforcement du souhait d’une gouvernance autoritaire : 69,2% des répondants veulent un chef qui gouverne sans être freiné par des contre-pouvoirs (juges, médias, intellectuels…).
  • Un clivage de plus en plus marqué entre les deux aspirations :
    • D’un côté, la retribalisation, qui repose sur un imaginaire nationaliste, une vision homogène de la société et la désignation de boucs émissaires (migrants, élites, médias).
    • De l’autre, les sociétés ouvertes, qui ne rassemblent que 19,3% des répondants et qui valorisent une nation de citoyens, une démocratie participative et un rejet des discours de haine.
  • Un noyau de 24,1% de personnes « oscillantes » : elles n’adhèrent pas pleinement à l’un ou l’autre modèle et peuvent basculer selon le contexte.

2. Un climat émotionnel toxique favorisant l’autoritarisme

  • Un trio d’émotions dominantes : inquiétude, incertitude et fatigue, alimentées par des crises multiples (climat, géopolitique, économie).
  • Un sentiment de perte de contrôle sur sa propre vie : 7 Belges sur 10 ont l’impression de « subir » leur existence.
  • Un désenchantement profond envers le politique :
    • Seuls 20% des Belges pensent que les élections de juin 2024 auront un impact positif sur leur vie.
    • Plus de 80% estiment que les responsables politiques ne les écoutent pas et ne comprennent pas leur réalité.
  • Un besoin de protection et de leadership fort : le rejet des élites traditionnelles alimente une quête d’autorité capable d' »agir réellement ».

3. La montée du populisme et du rejet des élites

  • Les « entrepreneurs en ressentiment » gagnent du terrain : des figures politiques populistes captent les frustrations populaires en canalisant la colère contre des « ennemis » désignés.
  • Un populisme de « gestionnaire » se renforce : des leaders utilisent une rhétorique où ils se présentent comme des techniciens qui « gèrent » les problèmes, tout en alimentant la défiance envers les corps intermédiaires.
  • Une radicalisation des discours politiques et médiatiques : une rhétorique plus brutale, tournée vers l’émotion et le rejet, éclipse le débat rationnel.

4. Un basculement vers une société du ressentiment et de la fermeture

  • Un renforcement des thématiques identitaires :
    • 6 à 7 Belges sur 10 estiment qu’ »il y a trop d’immigrés » et que « nous sommes envahis ».
    • 40% des répondants adhèrent à l’idée qu’ »il faudrait rétablir des frontières fermées en Europe ».
    • La théorie du « grand remplacement » est de plus en plus populaire.
  • La montée de la méfiance généralisée :
    • Défiance envers les médias, les scientifiques et les institutions démocratiques.
    • Rejet des élites économiques et politiques.
    • Développement de la culture du complot et des « vérités alternatives ».

5. Une polarisation croissante et une absence de « grand récit » progressiste

  • L’aspiration à des sociétés ouvertes reste faible et défensive : elle ne parvient pas à proposer un horizon mobilisateur face au récit de la retribalisation.
  • Un déficit d’une vision progressiste mobilisatrice :
    • La gauche et les forces progressistes peinent à structurer un contre-récit face aux affects dominants.
    • Il manque un cadre émotionnel fort qui redonne du sens et de l’espoir.
    • La démocratie est perçue comme « essoufflée », et peu d’acteurs sont en mesure d’en proposer une refondation crédible.

6. Une corrélation forte entre le niveau d’études et l’adhésion à l’un ou l’autre modèle

  • Plus le niveau d’éducation est bas, plus l’adhésion à la retribalisation est forte.
  • Plus le niveau d’éducation est élevé, plus la confiance et l’aspiration à une société ouverte sont importantes.
  • Les catégories intermédiaires (classes moyennes basses) sont les plus vulnérables aux basculements populistes.