Depuis hier la phrase : “7 belges sur 10 aspire à un pouvoir plus plus autoritaire” circule, parfois sans l’analyse qui se cache derrière.
Isoler un chiffre de notre étude sans son contexte analytique peut être trompeur et conduire à des interprétations inverses de la réalité. C’est pourquoi il est essentiel de le replacer dans son cadre et d’en tirer les véritables enseignements.
Derrière ce chiffre qui peut paraître alarmant se cache une réalité plus complexe. Ce désir d’autorité ne traduit pas un rejet de la démocratie, mais une quête de clarté, d’efficacité et de participation démocratique. Les personnes interrogées veulent être mieux consultées, mieux écoutées, et perçoivent un leader fort comme un moyen d’accéder à des décisions plus lisibles et concrètes.
Cette aspiration repose aussi sur un sentiment d’impuissance face à un pouvoir perçu comme diffus et insaisissable. Il semble plus intuitif de peser sur les décisions d’un dirigeant identifiable que d’influencer un système institutionnel opaque. Derrière cette attente, il y a donc une volonté réelle de comprendre et d’agir sur les choix politiques, et non une simple soumission à l’autorité.
Bien sûr, l’illusion qu’un leader providentiel puisse tout résoudre est une impasse et amène des leaders de droite populiste à confisquer complètement le pouvoir.
Comme l’avait commenté le politologue Vincent de Coorebyter, en janvier 2023, pour la RTBF : « L’aspiration fondamentale consiste à dire : nous voulons être entendus, pris en considération, que nos difficultés soient résolues, et s’il faut passer par quelqu’un qui a un pouvoir beaucoup plus direct et rapide, faisons-le. »
L’enjeu pour les acteurs démocratiques est donc de répondre à cette demande de lisibilité et d’impact, en rendant le pouvoir plus accessible et en ajoutant de la participation collective.